Bulgarie Producteurs de viande et de lait adhèrent sans enthousiasme à l'UE
Les producteurs bulgares de viande et de lait accueillent sans enthousiasme l'adhésion de leur pays à l'Union européenne, synonyme pour eux de concurrence accrue sur leur marché intérieur sans réelle perspective d'exportation vers les autres membres de l'UE.
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"L'Union européenne n'est pas comme l'Union soviétique jadis. Ses pays n'achèteront pas tout ce que nous produisons", déclare Kiril Vatev, directeur commercial du producteur de viande Tandem-V. Sa petite entreprise dans la banlieue de Sofia répond aux exigences de l'UE: les ouvriers en blanc y coupent, désossent, hachent, fument et emballent la viande suivant un processus strictement contrôlé. Mais la menace de Moscou début novembre d'imposer au 1er janvier un embargo sur tous les produits européens d'origine animale en raison de l'entrée dans l'UE de la Roumanie et de la Bulgarie à cette date a rendu les contrôleurs européens plus sévères.
En septembre, lorsqu'elle a décidé d'autoriser l'adhésion de la Bulgarie, la Commission européenne avait prévu des mesures de surveillance exceptionnelles dans plusieurs domaines dont la sécurité alimentaire en raison de la peste porcine (dont un nouveau foyer a été détecté mercredi dans le nord-est de la Bulgarie). Ainsi seulement 26 entreprises bulgares de production de viande et 34 de produits laitiers, qui disposaient déjà d'une autorisation d'exportation vers l'UE, ont droit d'accéder au marché européen.
Les 468 entreprises qui espéraient une licence, se sont vu imposer une période transitoire d'un an pour répondre à toutes les exigences de la Commission ou fermer. "Nos entreprises (...) ont suivi les instructions des services vétérinaires, ont énormément investi, ont répondu aux normes, mais ne sont pas agréées. Du coup on ne peut se réjouir de l'adhésion à l'UE", dit la directrice de l'association nationale des producteurs de viande, Svetla Tchamova. "Les entreprises savaient qu'elles n'auraient pas le droit d'exporter si elles ne répondaient pas aux normes", rétorque le chef du service vétérinaire bulgare, Jeko Baïtchev. Mais pour M. Vatev, respecter les normes n'est pas tout. Sa Tandem-V désignée par le service vétérinaire comme une entreprise modèle et agréée depuis quatre ans, n'a pas exporté la moindre saucisse en raison de sa capacité restreinte et d'absence de bons contacts.
Les 25 autres producteurs de viande agréés n'ont pas fait mieux. "La question n'est pas de savoir comment nous arriverons à exporter, mais comment nous arriverons à survivre sur le marché intérieur qui sera bientôt inondé de produits européens à bon marché et de pire qualité", dit M. Vatev. Le délabrement de l'élevage depuis la fin du communisme en 1989 oblige la Bulgarie à importer 130.000 tonnes de viande par an. Les producteurs de lait craignent eux aussi de perdre des positions sur le marché intérieur.
"L'adhésion à l'UE nous pousse à une concurrence qui sera féroce, surtout la première année", déclare le président de l'association bulgare des producteurs laitiers, Dimitar Zorov. "A l'exportation, nous sommes privilégiés par rapport aux producteurs de viande", dit-il, citant le cas du ferment de yaourt et de deux variétés de fromage qui, selon lui, "se sont toujours bien vendus" (6.000 à 6.500 tonnes par an pour ces deux fromage).
Toutefois des entreprises du secteur sont également menacées de fermeture pour des raisons de sécurité alimentaire. Les troupeaux étant petits et éparpillés depuis la dissolution des coopératives communistes, le lait ne peut pas être collecté et transporté assez vite pour que sa qualité soit préservée, expliquent des laitiers dont certains se voient obligés d'élever leurs propres vaches.
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